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LETTRES MISSIVES


contre les desseings de mes ennemys que pour favoriser le commerce du Levant et Barbarie, et s’opposer aux courses des pirates, Mais il s’y est presenté depuis peu de jours une occasion qui requiert un plus prompt secours des dictes galleres : c’est que le grand duc y en ayant faict venir quelque nombre, a mon desceu, s’est saisy de mon chas- teau des isles d’leres, proche de ma ville de Marseille, à ce induict et poussé par le roy d’Espagne, pour favoriser les desseings qu’il peut avoir, tant en Provence qu’ailleurs, sur les costes de la mer Medite- rannée ; tellement que ceste forteresse venant à demeurer entre ses mains, vous pouvés juger combien l’occupation en importeroit à ce Seigneur pour favoisinance des dicts Espagnols et les entreprises qu’ils pourroient faire sur Arger et les aultres places qui leur appar- tiennent ; ce que je vous prie luy representer et faire gouster à ses principaux ministres, et de vous servir de ceste occasion pour obtenir, si c'est possible, quelque commandement au bascha d’Alger de nous secourir promptement de quelque nombre de galleres, pour nous opposer au dict grand duc et roy d’Espagne, et faire un effort, s’il est besoing, pour recouvrer la dicte place, à quoy nous aidera le fort de Botonneau, que mon cousin le duc de Guise a faict construire vis à-vis du dict chasteau. Mais il faut principalement toucher de l’interest de ce Seigneur à. ne laisser prendre pied au dict roy d’Espagne en la dicte coste de Provence, pour le dommage qui luy en pourroit arriver. Au reste, je vous diray que j’ay entrepris ce siege pour l’impor- tance de la ville d’Amiens à toute la' France, si elle demeure plus long-temps au pouvoir de mes ennemys. Je m'y suis rendu en per- sonne, en intention de n’en repartir que- Dieu ne m’ayt faict la grace de la rendre en mon obeissance. J’ay fermé mon camp paridehors pour empescher la venue de mes ennemys et conduire mes tranchées jusque bien prés de la.dicte ville, lesquels je poursuis tousjours, atten- dant le 'reste de moirarmée ; et me suislogé prés d’icelle, du coste dupays ennemy, allîn de ; me trouver audevant de luy, s'il entreprend d’entrer en latdicte ville et la secourir ; ll se faict tous les jours quel'- ques escarmouches, esquelles jusques à ceste heure les nostres ont