_ retourner en Provencetoutes les troupes qui y avoient esté destinées,
et que mon nepveu le duc de Guise s’estoit un peu basté de renvoyer ;
ce qu’il pouvoit differer jusques ce qu’il enst advis de vous que le
duc de Savoye eust envoyé la ratification du traité. Car de luy,°de qui
la foy et la confiance en ses promesses et resolutions est ja experi-
mentée, il s’en doit plus tost presumer le mal que le bien. Mais puis- _
que jusques à present il n’est point advenu d’inconvenient en Provence,
j’espere, par la bonne provision que vous y aurés faicte, qu’il n'y a `
plus de peril qu’il y en advienne de la part du dict duc de Savoye,
estimant que toutes les dictes troupes y seront retournées, et y estans
qu'elles se peuvent bien deffendre des forces de Nice et de cellesqui
y pourroient estre envoyées, du moins _it'ïsques a ce queiious les ayons
peu. renforcer, si besoin est. Jlay aussy trouvé fort bon que vous y ayés
envoyé les canons, poudre et balles queivous m’avés mande par vos_
dernieres, encore que pour canons la province n’en 'fust pas desgarnie
(car j’ay veu qu’il y en avoit quinze ou seize), qu’il ne falloit que faire
changeur de place et les mettre ou il y avoit apparence que le besoing
en pourroit estre plus grand ; mais la raison que vous dictes est fort
bonne, que, quand l’occasion sera passée, l’on les en pourra retirer
quand l.’on voudra. Je crois bien que de munitions ils en pourroient
avoir nécessité, et a esté fort bien faict de les en avoir pourveus de
bonne beure). Jlavois, comme vous sçavés, mandé que les compagnies
du regiment de mes gardes, qui estoient ordonnées pour venir icy,
retournassent à Bourg. Mais puisqtrelles estoient desjà trop esloignées
de vous, (je leur envoye présentement un commissaire des guerres en
diligence vers Sancerre, ou le s' de Montigny, qui vient d’arriver, m’a
dict qu’elles sont encore, pour les faire rebrousser vers le dict Bourg,
pOll1` y fortifier mon cousin le duc de Biron ; estant le lieu où il y a
apparence qu’ils s’emploieront le plus tost, s’ils ont resolution
rompre, et c’est une des raisons que j’ay qu’ils ne le feront pas, de ce
qu’ils ne l’ont faiet plus tost ; car ils savent bien que la citadelle de
Bourg esten grande necessite, et _qu’ils la pouvoient plus_ facilement
secourir depuis que mon armée est séparée, qu'ils ne feront pas main-
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DE HENRI IV.