Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome5.djvu/706

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DE HENRI IV.

l de bonne foy, ainsy que vous dires au nonce de Sa Saincteté qui reside par delà, s’il vous en parle, et à tous ceux qui’s’en enquerront de vous ; mais vous n’en parlerés le premier, car je ne veux que l'on croye que ce soit chose que je recherche etdesire, si l’on ne m?en donne argu- ment. Je cognois bien' que les altaires de Flandres et d’Espagne sont en tel estat, que le dict roy cl’Espagne a plus de besoing de conserver mon amitié que je n’ay occasion de craindre ses armes, principale- ment s’il advient qu’elles ayent ceste année aussy mauvaise fortune en Barbarie qu’elles ont eu en Flandres, ou les Estats ont pris la ville de Grave à la barbe de l’archiduc'(car elle fut rendue par composition le ' I xx° de ce mois); et l’armée des archiducs s’est depuis tellement des- bandée et mutinée, qu’il ne luy reste pas huict mille hommes en tout, encores est—il contrainctudïtourner le reste contre les mutins, qui, tiennent tout le pays 'en subjection et sont ensemble cinq à six mille i hommes de toutes nations, lesquels grossissent tous les jours. Quant là Ostende, il est en meilleur estat de toutes choses pour se deflendre . qu’il n’estoit il y a un an, encores que les serviteurs' du dict archiduc publient le contraire pour aucunement consoler leurs peuples sur. le . succés de Graves et le desbandement de la dicte armée. ` Davantage j’ay sceu que les.Hollandois ont dressé deux colleges en societé de marchands, fondez chascun de quatre ou cinq millions i d’or, pom establir un trafic ordinaire aux Indes Orientales et Occiden- _ tales, qui sera de grande consequence. Cependant la royned’Angle— terre et eux ont envoyé en la coste d’Espagne et de Portugal un ra- _ fraiscliissement de vaisseaux, qui incommocleront grandement le dict pays, comme ils ontqfaict toute ceste année, avecprollit de la valeur de plus de quatre millions d’0r. Doncques estant les chose_s de dehors en l’estat susdict, et inon, Boyaume en chemin d’estre plus paisible, et mon auctorité plus asseurée que jamais, jugés si je doibs craindre mes voisins, et slils auront pas subjectde se louer de ma probité et volonté, conservant et entretenant la paix publique, comme _i’oH’re de ` faire, pourveu que l’on ne me force d’en user autrement, comme en verité l’on feroit si l’on continuoit à dresser contre ma personne et Q - Lmrass ni : mmm iv. —v. 86 '