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LETTRES MISSIVES


de ce Seigneur, le dict roy de Perse en ayant envoyé un autre en mesme temps à l’Empereur, qui a esté receu par luy somptueusement et a esté par luy admis à negotier Qet traicter avec luy et ses conseil- lers fort estroitement ; mais puisque les esclaves de ce Seigneur sont si ennemys de la gloire et du nom de leur prince, que de traicter aussy injustement mes subjects (en ce qui leur est recommandé de sa part) que les ennemys declarez de son empire, et qu’ils mespri— sent ainsy son nom et ses mandemens, je changeray aussy de conseil et de conduicte, et me sçauray bien resouldre à pis laire en m'alliant de ceux qui ont conjuré la ruine de son empire, si, aprés que vous leur aurés liaict ma juste plainte avec la presente declaration, ils ne me font telle justice et raison de ces traîtres et barbares, que j’aye occasion de m'en contenter. Au moyen de quoy, selon la response et satisfaction que vous en tirorés, vous tiendrés iadvertis mes subjects qui trafiquent en son empire et mes olliciers establis aux eschelles d’iceluy, de ce qu’ils auront à laire pour nlestre subjects à la revanche que j’ay deliberé de rechercher de prendre de telles ollenses et perlidies. lls s’attendent peut estre à la paix qu’ils Font traicter en Hongrie, à _ laquelle il semble que les parties inclinent plus qu’elles ne vou- — loient ; mais il faut qu’ils sçachent et croyent que si la maison d’Aus triche n’estoit retenue en bride de la crainte et jalousie de mes armes, comme elle est de toute part, qu’elle auroit tourné il y a long- temps toute sa puissance contre leur empire ; ce qui mla esté sou- vent reproché par le Pape et les autres princes Chrestiens ; de quoy jusqtfà present je me suis esmeu bien peu, pour avoir voulu prel’erer la foy et l’alliance que j’ay contractée (à limitation des Roys mes predecesseurs) avec la maison ottomane, à toutes autres considerations ; de quoy, s’il faut que je sois si mal recogneu par l’insolence et ava- rice insatiable de ceste canaille d’Algier, je ne Yendureray pas. Et si, quand les nouvelles du rebut qu’ils ont Faict au dict chiaou me sont arrivées, le baron de Salignac se lust trouvé encore icy, jleusse rompu tout à faict son voyage. Mais comme il faut qu’il demeure longtemps en chemin, advisés à luy faire sçavoir d’avant qu’il parte