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LETTRES MISSIVES


mois passé, que _i’ay receue le XVIIG du present, des charges et infor- mations sur lesquelles ce Senat a bany à perpetuité ceux de leur ordre de l’estat d’iceluy, affin qu’ils se gardent de commettre pareilles faultes en mon Royaume, soit que leurs confreres y soient tombez ou non, et en cas que l’accusation soit faulse, qu’ils l'averent et s’en justifient, estant ainsy que la seule opinion que le bruit d’icelle im- primera de leurs conceptions et hns, ou il parviendra, prejudiciera grandement à la reputation de la pieté et de bonnes mœurs qui rend leur ordre recommandé. Ils m’ont grandement remercié du dict ad- vertissemerit, et ont declaré et protesté qu’ils sont du tout innocens de ce crime, baptisans de ce nom la faulte que l’on leur impose, disansque quelque cault et advisé que l'on dict qu’est leur general, il n’auroit peu dresser une telle faction au desceu de la plus grande et forte partie de ceux de leur ordre, ny tellement en couvrir et desguiser la recherche et practique, que quelque penitent du grand nombre de ceux auxquels il auroit fallu qu’ils se fussent adressez, . meu du debvoir de sa conscience envers Dieu et de sa fidelité envers sa patrie, ne les eust decelez et accusez : ce qu’ils disent n'estre ad- _ venu jusques à present en lieu du monde. Ils confessent aussy que _ telle curiosité non seulement est indigne de personnes religieuses, mais punissable et criminelle par dessus toutes autres, et au reste entierement inutile ; car quel grand et solide dessein peuvent bastir mesmes des religieux sur un fondement si incertain qu'est la science et cognoissance des facultez, force et moyens publics et privez d’un estat composé et reglé comme est celuy de Venise? Ils nient aussy que les uns revelent et raportent aux autres ce qui leur est dict en I confession ; que ce seroit pescher contre ce sainct sacrement et contrevenir directement à leur institut, et sur cela prient que l’on represente ces beaux registres, qui ont esté composez par leurs con- lreres, que l’on dict avoir esté trouvez ; et veullent estre tenuz pour infames et indignes d’estre protegez, s’ils sont veritables. Ils excusent i et dellendent, oultre cela, l'innocence et la pieté de leur dict gene— ral, avec mesme passion et protestation, disant que s’il estoit si