Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome7.djvu/886

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DE HENRI IV. 86.9 non par rencontre ou commiseration de sa fortune, mais de propos ' delibere et pour me faire deplaisir et se venger de fassistance, ce . dit-il, donnée par moy aux subjects rebelles de son maistre. Car le dict duc de Lerme a dict à mon ambassadeur que mon royaume avoit tousjours servy de retraicte et d’asyle, comme d'appuy et de protec ' tion, aux rebelles de son roy, ialleguant premierement sur cela dom Antonio Perez, et en second lieu les habitans des isles des Pays-Bas ; U et au contraire que les dicts roys d’Espagne avoient tousjours este le vray refuge des personnes qui 'estans injustement opprimees, avoient ieu recours à eux ; par tant,' que son dict roy ne pouvoit respondre_ à l’instance que je faisois touchant le dict prince, qu’il n’en eust con- fere avec les autres princes de la Chrestiente, et pris sur cela leurs _ advis. Telles responses, qui sont aussy ineptes en toutesleurs par- ties, que contraires à la verite et a l’equite, et qui sont mesmes pleines ' d’ingratitude en ce qui concerne les Estats des Provinces-Unies des Pays-Bas et le dict Antonio Perez, m' ont à bon droict offense, et descouvert la mauvaise volonte des Espagnols et ce que j’en dois at— tendre. En quoy je n’ay pas este aucunementdeceu, car je n'ay ja- mais creu ny espere de leur amitié que des effects tous contraires à leur foy et belles paroles. `C’est la coustume de la nation d’en user ainsy envers tous, estimant toutes choses leur estre loisibles et per- mises, qui peuvent servir à leur agrandissement ; de quoy certes la France et I’ADg'l€t€PT€ ont faict preuve et ressenty les effects en toutes occasions. Car que n’ont-ils pas tente, directement et indirectement ou par voies obliques, pour nuire à l'une et à l'autre, quand ils ont faict la paix avec nous? Et s'ils ont depuis recherche des alliances avec nous plus estroictes, ce n’a este que pour nous abuser et pour mieux faire leurs affaires contre les Hollandois, lesquels s’ils avoient peu vaincre et subjuguer par les armes, que n’eussent-ils tente contre - leurs voisinsP, Voyans qu’ils ne peuvent par la forcevenir à bout d’euX, ils n’ont faict conscience de recourir et rechercher nostre aide pour obtenir par nostre entremise une trefve, en esperance de par- venir par ceste voie plus aisement et seurement à leur but. Aussy