Page:Henri Poincaré - Électricité et optique, 1901.djvu/560

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deux rayons lumineux dans les conditions suivantes : le premier subissait une réflexion sur une glace sans tain placée dans l'azi- muth 45°, puis une réflexion sur un miroir dans l'azimuth 90° ; et' traversait ensuite la glace sans tain par transmission ; le second rayon traversait d'abord cette même glace et subissait ensuite une réflexion sur un miroir dans l'azimuth 0° puis une réflexion sur la glace sans tain. Dans les conditions de l'expérience, les termes de l'ordre du carré de l'aberration auraient du devenir sensibles et cependant le résultat a encore été négatif. La théorie de Lorentz comme toutes les autres théories optiques faisait prévoir un résultat posi- tif. On a alors imaginé une hypothèse supplémentaire. Tous les corps subiraient dans le sens du mouvement de la terre un rac- courcissement de de leur longueur. 2x10 ° Cette étrange propriété semblerait un véritable « coup de pouce » donné par la nature pour éviter que le mouvement absolu de la terre puisse être révélé par les phénomènes optiques. Cela ne saurait me satisfaire et je crois devoir dire ici mon sen- timent : je regarde comme très probable que les phénomènes optiques ne dépendent que des mouvements relatifs des corps matériels en présence, sources lumineuses ou appareils optiques et cela non pas aux quantités près de l'ordre du carré ou du cube de l'aberration, mais rigoureusement. A mesure que les expérien- ces deviendront plus exactes, ce principe sera vérifié avec plus de précision. Faudra-t-il un nouveau coup de pouce, une hypothèse nouvelle, à chaque approximation? Evidemment non: une théorie bien faite devrait permettre de démontrer le principe d'un seul coup dans toute sa rigueur. La théorie de Lorentz ne le fait pas encore. De toutes celles qui ont été proposées, c'est elle qui est le plus près de le faire. On peut donc espérer de la rendre parfaitement satisfaisante sous ce rapport sans la modifier trop profondément.