Page:Henri Poincaré - Dernières pensées, 1920.djvu/63

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car l’univers n’est tiré qu’à un seul exemplaire ; et c’est là une première difficulté.

De plus, en vertu de la relativité psychologique de l’espace, nous ne pouvons observer que ce que nos instruments peuvent mesurer ; ils nous donneront par exemple les distances des astres, ou des divers corps que nous avons à considérer ; ils ne nous donneront pas leurs coordonnées par rapport à des axes fixes ou mobiles qui n’ont qu’une existence purement conventionnelle. Si nos équations contiennent ces coordonnées, c’est par une fiction qui peut être commode, mais qui n’est qu’une fiction ; si nous voulons que nos équations traduisent directement ce que nous observons, il faudra que les distances figurent parmi nos variables indépendantes, et alors il arrivera que les autres variables disparaîtront d’elles-mêmes. Ce sera là notre principe de relativité, mais il n’a plus aucun sens ; il signifie seulement que nous avions introduit dans nos équations des variables auxiliaires, parasites, qui ne représentent rien de tangible et qu’il est possible de les éliminer.

Ces difficultés s’évanouiront si on ne tient pas à une rigueur absolue. Les diverses parties du monde sont solidaires, mais pour peu que la distance soit grande, l’action est si faible qu’on est en droit de la négliger ; et alors nos équations vont se répartir en systèmes séparés, l’un s’appliquant au monde