Page:Henri Poincaré - Savants et écrivains, 1910.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est grande et c’est par là aussi que l’homme était encore plus grand que l’œuvre.

Il avait foi en la science ; non qu’il attendit d’elle des dogmes immuables ; il savait que nous ne pouvons rien savoir que de relatif et que toute notre science ne peut être qu’un perpétuel devenir. Mais il croyait que devant elle s’ouvre un champ illimité et qu’il n’est pas dans ce champ de partie si éloignée qu’elle ne puisse atteindre un jour, pour peu qu’on lui en laisse la liberté. Cette liberté il la voulait entière et absolue. Il était resté fidèle aux doctrines qui faisaient l’objet de ses conversations de jeunesse avec son ami Renan et que celui-ci a exposées dans l’Avenir de la science.

Il croyait non seulement que la science est grande et qu’elle est belle, mais aussi qu’elle est bonne ; je veux dire qu’elle est capable de rendre l’homme meilleur. Ceux qui la cultivent pour elle-même se sentiront purifiés par ce culte désintéressé. Ceux qui ne peuvent en voir qu’une partie et qui n’en connaissent que quelques applications gagneront aussi à sentir, plus ou moins confusément, qu’il y a