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THÉORIE MATHÉMATIQUE DE LA LUMIÈRE

62. Fresnel, dans sa théorie de la diffraction, modifie le principe de Huyghens en considérant, non plus une onde isolée, mais une succession d’ondes provenant de mouvements vibratoires. Voici d’ailleurs comment il énonce ce principe : Les vibrations d’une onde lumineuse dans chacun de ses points peuvent être regardées comme la somme des mouvements élémentaires qu’y enverraient au même instant, en agissant isolément, toutes les parties de cette onde considérée dans une quelconque de ses positions antérieures. À cet énoncé il ajoute, en note[1] : « Je considère toujours la succession d’une infinité d’ondulations ou une vibration générale du fluide. Ce n’est que dans ce sens qu’on peut dire que deux ondes lumineuses se détruisent lorsqu’elles sont à une demi-ondulation l’une de l’autre. Les formules d’interférence que je viens de donner ne sont point applicables au cas d’une ondulation isolée, qui d’ailleurs n’est pas celui de la nature. » — En considérant ainsi des ondes successives, les mouvements des molécules de sont tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, et on peut concevoir qu’au temps les molécules qui sont en dehors de la surface ne soient pas en mouvement. Cette explication est loin d’être à l’abri de tout reproche, comme nous allons le voir dans le paragraphe suivant. D’ailleurs la théorie de la propagation d’une onde isolée, propagation mathématiquement possible, laisse subsister une difficulté qu’il est nécessaire d’expliquer.

63. Controverse de Fresnel avec Poisson. — Que l’on considère une onde isolée ou une série d’ondes successives, le principe de Huyghens conduit à admettre qu’outre l’onde

  1. Œuvres de Fresnel, t. I, p. 293.