Page:Henri Poincaré - Théorie mathématique de la lumière, Tome 2, 1892.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
254
THÉORIE DE LA DISPERSION DE HELMHOLTZ

Pour expliquer les phénomènes de dispersion et d’absorption, on a supposé la matière parsemée de petits conducteurs susceptibles de jouer ainsi le rôle d’excitateurs et de résonateurs pour les oscillations extrêmement rapides qui constituent la lumière.

Voici quel avantage cette conception peut présenter. Dans la théorie de Helmholtz nous sommes obligés, pour expliquer l’existence de raies, d’imaginer espèces de molécules. Comme les raies sont extrêmement nombreuses, il nous faudrait admettre dans chaque molécule un nombre d’atomes extrêmement considérable.

Or les raies du spectre forment des groupes qui paraissent suivre des lois analogues aux lois des sons harmoniques, quoique beaucoup plus compliquées ; il semble donc qu’on devrait pouvoir trouver une relation qui permette de déduire une quelconque de ces raies des précédentes. Si cette relation existait, le nombre des raies et celui des atomes devraient être infinis, ce qui semble inadmissible.

Déjà ce problème avait frappé M. Brillouin, qui en avait cherché diverses solutions. La théorie électromagnétique aurait pu lui en fournir une nouvelle assez satisfaisante.

Le milieu est parsemé d’excitateurs de formes et de périodes diverses, répartis en un certain nombre de groupes, correspondant aux diverses sortes de molécules mobiles de Helmholtz.

Mais on sait qu’un excitateur est susceptible d’une infinité de vibrations dont les périodes obéissent à des lois analogues à celles des harmoniques d’une corde vibrante ; dans le cas des excitateurs linéaires, ces lois se réduisent à ces dernières.

Chaque groupe d’excitateurs donnera donc non pas une