Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son Nirvana : c’est qu’il est indéfinissable ; il faut y parvenir ; alors seulement on saura ce que c’est, et alors on n’aura plus besoin de le demander.

Tel est, rapidement esquissé, le fond brouillé sur lequel s’épanouit la plus ancienne littérature de l’Inde qui ne soit pas exclusivement d’hymnes religieux ou de spéculation théosophique. Des sermons du bouddhisme, ne parlons plus : le lecteur a pu en prendre quelque idée, et il s’en dégage rarement autre chose que l’incurable ennui du sophisme prétentieux et redondant. Mais sa poésie et sa prose narrative contiennent, clairsemés et d’autant mieux venus, de purs et admirables joyaux.

3. — Poésie bouddhique.

La poésie du bouddhisme est presque tout entière gnomique. Les Hindous ont excellé de tout temps à enfermer dans une stance de quatre vers le sobre développement d’une pensée, souvent mis en valeur par une heureuse antithèse, parfois par un calembour piquant, toujours par un choix original de mots ; mais de cet art, c’est le bouddhisme qui leur a donné le modèle. Son chef-d’œuvre, le Dhammapada « la Sentence morale », petit recueil de 123 stances, qui fait partie du Sutta-Piṭaka, peut être feuilleté au hasard, comme notre Imitation, sans crainte de déception pour le goût le plus sévère.