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K)2 LES LITTÊIUTLRES DE L'INDE

une tigresse qui avail mis bas, épuisée de souffrance. — s.-s yeux étaient éteints, la faim creusail soi» ventre, el elle couvait comme une proie les petits sortis d'elle. Eux, ils se pressaient autour des pis, confiants en leur mère, Insoucieux des rauquements cruels donl sa gueule les menaçait. Acette vue, le Bôdhisattva, malgré sa fermeté, ému de pilié devanl la souffrance d'autrui, frissonna comme le Roi des monts quand tremble la terre. . .

(Prose.) Il dii à son disciple, — l'émotion lui fit répéter son appel, sa nature surhumaine éclata toul entière, el la force de la compassion pressai! les syl- labes sur ses lèvres: «Mon Ris, mon Bis,

(Vers.) Vois combien esl mauvais le monde des renaissances : voici une tigresse qu'au mépris des a Élec- tions instinctives la faim pousse à dévorer ses propres petits. — O infâme cruauté de l'amour do -ni même, qui l'ait qu'une mère songe à se repaître de ses fils !.. . (Prose.) Va-t-en donc bien vite lui chercher n'im- porte où de quoi apaiser sa faim, afin de prévenir la perte doses petits el la sien no. Pour moi, entre temps, je veillerai à empêcher ce forfait. — < >ui », dit le disciple docile, et il partit, empressé à quérir quelque pâture . Il disparut dans la direction du nord, et le Bôdhisattvai entra en méditai ion.

(Vers.) « Voici mon corps sain el entier: qu'ai-je donc affaire d'en giboyer un autre? Car il y a péril en la demeure, et toul retard me rend coupable. —Triste corps, sans moelle el sans âme, souffreteux, ingrat et toujours impur, celui qui ne' se fait pas une joie de te sacrifier à autrui n'est qu'un insensé. — C'esl par amour du repos ou par impuissance qu'on reste indif- férent au malheur d'un autre; mais moi, dans le malheur d*un autre, je ne saurais goûter de repos;

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