Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/31

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foudroie les démons ; l’univers tremble sous son arme héroïque, et l’innocent frissonne quand le géant qui gronde frappe les pécheurs. — Comme des chevaux bondissent sous le fouet qui les mène, voici pour l’annoncers ses messagers humides, et l’on entend au loin comme un lion rugir, quand Parjanya prend forme dans la nuée pluvieuve. — Les vents s’élancent, les éclairs volent, les plantes se dressent, le ciel se gonfle : pour tous les vivants surgit l’abondance, quand Parjanya répand sa sève sur la terre. — … Mugis, tonne, et engendre ; fais le tour du ciel sur ton char lourd d’ondée ; tire l’outre dénouée dont pend sur nous la bonde ; nivelle les pentes et les creux. — Penche la grande cuve[1], et qu’elle se vide à torrents déchaînés ; inonde de grasse liqueur le ciel et la terre, et fais aux vaches un bon abreuvoir. — .... Tu as plu ta pluie ; à cette heure retiens-la ; tu as créé les plantes pour la nourriture des hommes et pour les dons pieux qu’ils offrent aux autels[2]. (Rig Vèda, V, 83.)

Mainte autre figure divine flotte encore à l’arrière fond : Savitar « l’excitateur », dont la formule spécifique, la savitri[3], hante sans cesse les lèvres du brahmane ; Tvastar, un dieu artisan, sorte de Vul-

  1. « L’outre, la cuve » : on voit que la besogne des Danaïdes a de qui tenir dans l’Orient aryen ; à l’origine elle ne fut certainement pas un supplice infernal, mais une fonction de la nature.
  2. Toujours la pensée religieuse, liturgique, même, surgissant pour couronner ce qui ne semblait devoir être qu’un pur morceau de bravoure.
  3. Elle se lit au Rig-Véda, III, 62, 10, et atteste à elle seule que Savitar fut un dieu solaire.