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302 LES LITTÉRATURES DE L'INDE

brutal, qui se targue de la haute faveur qui le pro- tège pour s'arroger tous les droits et satisfaire im- punément toutes ses viles passions, d'ailleurs aussi poltron que fanfaron, et parlant un jargon de Gascon tic Molière; le parasite ou bel esprit, souriant, ser viable, maniéré, « ami des femmes », indulgent à la courtisane ; le croupier, matois et inexorable ; le joueur décavé, qui querelle et s'enfuit sans payer ; le voleur par principe, qui a mis son art en formu laire; le juge zélé, pour qui l'inculpé est un cri- minel, et le bon gendarme qui ouvre les doigts pour lâcher sa proie. Que de figures ! et dans quel agile chassé croisé ! Si Kâlidasa est incontestablement le prince de la poésie dramatique, il faut bien ac- corder à ce Çûdraka pseudonyme, qu'on a voulu sans preuve identifier à Dandin, la palme de la puissance créatrice.

Le Mâlatîmâdhava « Mâdhava et Mâlati », en dix actes, de Bhavabhûti, est également une co- médie d'intrigue, mais d'intrigue exclusivement amoureuse, qui n'est guère agrémentée que d'inci- dents platement romanesques. Il s'agit de savoir si le héros épousera l'héroïne : heureux dénouement

théorie et la pratique de nombreuses professions: elle est docile, coquette, provocante, simple de mise, sage de tenue, bonne de cœur; elle s'entend à tous les beaux-arts et sait parfaitement danser ; elle n'a pas les défauts ordinaires aux femmes; elle est agréable à entendre, aimable en ses propos, propre, adroite, active. » Nous voilà assez loin d'une « Dame aux Camélias » quelconque.

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