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XVI
INTRODUCTION

a) De tous les rameaux entre lesquels s’est divisé l’indo-européen commun, il n’en est pas qui montrent à beaucoup près entre eux autant d’affinité que l’italique et le celtique. Tout semble indiquer que Celtes et Latins ont dû cohabiter encore, ou tout au moins voisiner, à une époque relativement tardive, où toutes les autres unités ethniques s’étaient déjà depuis longtemps séparées, en sorte que, s’il est prématuré ou excessif de parler à la lettre d’une sous-unité italo-celte, il doit être permis de se servir de cette expression pour classer les formes qu’ont en commun les Italiotes et les Celtes et qu’eux seuls possèdent, par exemple ce curieux r impersonnel bien connu en latin (legit-ur « on lit »), qui survit jusque dans le breton usuel de notre temps (kar-eur « on aime »).

b) Les Celtes de la Grande-Bretagne, seuls ancêtres de tous les Celtes actuels, furent soumis par les Romains ou civilisés par la culture latine. C’est en latin aussi qu’ils reçurent la prédication du christianisme. Leurs langues se sont donc mélangées, à diverses époques, de nombreux emprunts au latin, qu’il importe de reconnaître, — on verra tout à l’heure à quels indices, — d’isoler du fonds celtique, et même, si faire se peut, de dater approximativement.

c) Le latin, enfin, a une postérité très vivace de langues médiévales et modernes (romanes), qui toutes, sauf le rhétique et le roumain, se sont trouvées en contact fréquent avec les idiomes celtiques : nouvelle source d’emprunts, cette fois réciproques, mais beaucoup plus rares dans un sens que dans l’autre. Donc, à partir du VIIe siècle environ, où cessent les emprunts au latin, commence la période des emprunts au roman, qui se prolonge jusqu’à nos jours. Il va sans dire, au surplus, que l’observation ci-dessus ne s’applique à aucun couple celto-roman autant qu’au breton et au français, contigus durant tout le moyen âge et politiquement unis depuis plus de quatre siècles.

6. Le rameau celtique se subdivise en celtique continental (gaulois) et celtique insulaire, et celui-ci, à son tour, en gâdélique (ou gaélique) et brittonique. On le réservera ici pour un plus ample développement.