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AÔ-AOZIL

, adj., mûr, mbr. azff, cymr. addfed, vbr. admet « [raisin] sec » : suppose un celt. *ati-met-o- « propre à être moissonné (récolté) ». V. sous *ad- et médi.

Aod, aot, s. m., rivage, corn. als « rivage », cymr. allt « falaise », ir. alt, « hauteur, rivage » : d’un celt. *al-to-, identique au lat. al-tu-s, « nourri, haut, surélevé ».

Aoten, s. f., rasoir, cymr. ellyn, vbr. altin. ir. altain, etc. : d’un celt. *altani- < *palt-ani-, dont la rac. est la même que celle de faouta[1]. V. ce mot.

Aoter, s. m., autel. Empr. lat. altâre.

Aotré, s. m., concession, privilège. Empr. fr. otrei[2].

Aotrou, s. m., seigneur, monsieur, corn. altrou « beau-père », cymr. altraw, « répondant, parrain ». Ainsi que l’indiquent le vir. altram, ir. altrom, gael. altrum, « action de nourrir », les trois sens procèdent, par légères divergences et spécialisation, du sens unique de « nourricier » [3] : celt. *al-traoori’, dér. de la même rac. que lat. al-ere « nourrir », gr. ἄν-αλ-τος (an-al-tos) ; « insatiable », got. ai-an « croître », etc. Cf. aod.

Aoun, s. f., peur, corn. own, cymr. ofn, vir. omun > gael. uamhunn, gaul. *omnà (à en juger par le n. pr. Ex-omnos « Sans-Peur ») : d’un celt. *obnà, dont on ne trouve à rapprocher queir. oponn « soudain » et gr. ἄφνω (aphnô) id.

Aour, s. m., or, cymr. aur. Empr. lat. aurum.

Aourédâl, s. m., séneçon (fleur jaune) : dér. de aour.

Aouréden, s. f., dorade : dér. de aour (poisson doré).

1 Aoz, s. f., manière : pour *naoz[4]. V. sous pènaoz et neùz.

2 Aoz, s. f., lit de rivière : suppose un celt. *aues-â, dér. du celt. *auos « rivière », gaul. gr. Αὔος (Auos) et Avara[5], n. pr. de fleuves ; cf. sk. av-ani a eau courante », âca « de haut en bas ». — Conj.

Aoza, vb., préparer, façonner : dér. de 1 aoz.

Aozil, s. m., osier, mbr. ausill. Empr. bas-latin ausaria « oseraie », mais peut-être rattaché par étymologie populaire à 2 aoz.

  1. Soit rac. SPALT : la forme à sp initial a donné f initial, tandis que la forme à p initial a régulièrement perdu son p. Ces alternances sont fréquentes.
  2. Vieux mot, abstrait du verbe otreyer, qui est le bas-lat. auctoricûre « autoriser ». Aujourd’hui octroi.
  3. Pour le sens de « seigneur », cf. l’ag. lord, qui est l’ags. hlaf-weard (serait aujourd’hui *loaf-tcard) « gardien du pain ».
  4. Chute de n initial comme dans a fît. V. sous 1 aer.
  5. Aujourd’hui < l’Evre ». — Le Gloss. Ern. p. 165 indique dubitativement une étymologie toute différente.