Page:Heredia - Discours de réception, 1895.djvu/27

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on vit fleurir une jeunesse nouvelle. Jeunesse heureuse de vivre, éloquente, hardie, aventureuse, impatiente de renouveler tout, la politique, la philosophie, l’histoire, les lettres, les arts, les sciences, l’humanité elle-même. Que de noms il me faudrait citer ! Que d’hommes fameux à tant de titres ! Les plus célèbres ont siégé parmi vous. Vous les avez connus. Ils vous ont fait le récit de ces temps légendaires. Vous en savez toute l’histoire. À quoi bon vous redire, avec M. de Mazade, comment, après le duc de Richelieu, M. de Serre fut ministre et comment M. Decazes, favori du Roi, prit la place de M. de Serre ? Ces incidents, moins fréquents alors, ont eu sans doute leur importance, mais qu’ils semblent lointains et qu’ils sont peu de chose auprès du grand événement qui advint un mois jour pour jour après l’assassinat du duc de Berry ! Le 13 mars 1820, sous le deuxième ministère de M. de Richelieu, parut, au dépôt de la librairie grecque-latine-allemande, rue de Seine, 12, un mince volume in-8o de cent dix-huit pages, de l’imprimerie de Didot, intitulé Méditations poétiques, sans nom d’auteur…

… Point de nom… Demandez à la terre !

Que M. de Mazade soit béni pour avoir écrit un livre sur Lamartine !

Lamartine ! Son nom doucement sonore est le premier nom de poète qui ait caressé mon oreille. Ses vers sont les premiers que ma mémoire ait retenus, lorsque, tout petit enfant, je m’agenouillais dans le grand lit maternel et que, joignant les mains, je récitais mot par mot, suivant