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LES TROPHÉES


Dispose, il est à toi. Parle, la hache est prête ! —
Ruy Diaz la regardait, grave et silencieux.
Elle ferma les yeux, elle baissa la tête.

Elle n’a pu braver ce front victorieux
Qu’illumine l’ardeur du regard qui la dompte ;
Elle a baissé la tête, elle a fermé les yeux.

Elle n’est plus la fille orgueilleuse du Comte,
Car elle sent rougir son visage, enflammé
Moins encor de courroux que d’amour et de honte.

— C’est sous un bras loyal par l’honneur même armé
Que ton père a rendu son âme — que Dieu sauve !
L’homme applaudit au coup que le prince a blâmé.

Car l’honneur de Laynez et de Laÿn le Chauve,
Non moins pur que celui des rois dont je descends,
Vaut l’orgueil du sang goth qui dore ton poil fauve.

Condamne, si tu peux… Pardonne, j’y consens.
Que Gormaz et Laynez à leur antique souche,
Voient par vous reverdir des rameaux florissants.