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XV


Avant que de mourir, le Bienheureux résolut de faire un grand voyage. Il voulait revoir certains de ses disciples et leur dire avec quel scrupule il faudrait garder son enseignement. Il prit le seul Ananda pour compagnon et il quitta la ville de Râjagriha.

Un jour, tandis qu’il se reposait au bord d’un champ, il dit à Ananda :

« Un temps viendra où quelques hommes se demanderont pourquoi, jadis, je suis descendu dans le sein d’une femme. Ils ne jugeront pas que ma naissance fût d’une pureté parfaite, et ils ne comprendront pas que j’aie eu le pouvoir suprême. Ces hommes à l’esprit ténébreux ne reconnaîtront jamais que, pour celui qui s’adonne aux œuvres saintes, le corps ne participe pas à l’impureté de la naissance. Il faut que l’être qui cherche la science suprême entre dans le sein d’une femme, il faut que, par pitié pour les hommes, il naisse dans le monde des hommes. S’il était Dieu, comment ferait-il tourner la roue de la loi ? Imagine, Ananda, que le Bouddha soit Dieu : les hommes tomberont dans le découragement. Ils se diront « Le Bouddha, qui est Dieu, possède le bonheur, la sainteté, la