Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/634

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bitions. Sa nouvelle amie l’écoutait avec l’intérêt le plus flatteur.

« Je vous aime beaucoup, dit-elle ; je vais vous montrer l’endroit secret de mes jeux. »

Se levant subitement, elle traversa en courant la pelouse et se fraya un chemin à travers les arbrisseaux. Elle était suivie de près par Jock, qui parvint à se faufiler, non sans quelque difficulté, sur les traces de son petit guide. Bientôt les enfants débouchèrent sur un espace nu, bordé par le mur du jardin, et où un limpide ruisseau murmurait joyeusement.

« C’est mon domaine, dit Molly ; jamais personne ne vient ici. Voyez la cascade que j’ai faite toute seule.

Je crois que si je pouvais fabriquer une roue, j’arriverais aisément à la faire tourner là. Aujourd’hui je vais préparer la place, un de ces jours je terminerai le travail. »

Jock se mit à patauger dans le ruisseau tout en écoutant le babil de sa nouvelle connaissance.

« Ça doit être ravissant là-haut », s’exclama-t-elle soudain. Puis, remarquant l’air étonné de Jock, elle ajouta :

« Je veux dire sur les landes. Grand-père m’a menée à Gray-Tors une fois et, pendant qu’il causait avec votre oncle, j’ai examiné les alentours.

— C’est vraiment très joli, repartit Jock ; je suis dehors toute la journée et je préfère les landes aux coteaux de chez nous.

— Je voudrais y monter, dit la petite fille d’un air d’envie. Venez me chercher quelquefois, s’il vous plaît, cher petit ami ; venez, je ne vous embarrasserai en aucune façon.

— Non, les petites filles prennent toujours froid, ou bien salissent leur robe et se mettent à pleurer ; alors je suis grondé.

— Je trouve que vous êtes peu aimable. Grand-père ne gronde jamais.

— J’ai presque fini, dit Jock, qui, tout en causant, travaillait en conscience. Je ferai mieux de m’en retourner de peur que mon oncle ne m’attende… Holà ! dites donc ! qu’est-ce que vous faites ? » ajouta-t-il, au bruit d’un clapotement dans le ruisseau.

Il aperçut alors Molly tranquillement assise à l’endroit le plus profond du petit cours d’eau.

« Je viens de m’asseoir dans le ruisseau, dit-elle triomphante, pour vous montrer que je n’ai pas peur d’abîmer mes vêtements,