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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 6.djvu/363

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divers aliments peu convenables à des malades : en fait de poissons de mer, le mulet, le mélanurus, le muge, l'anguille (ces poissons sont en effet ceux qui incommodent le plus) ; en fait de viandes, celles de chèvre, de cerf, de cochon de lait, de chien (ces viandes sont en effet celles qui dérangent le plus le ventre); en fait d'oiseaux, le coq, la tourterelle, l'outarde, et, en général, tous les oiseaux dont la viande passe pour être très substantielle; en fait de légumes verts, la menthe, l'ail, l'oignon (en effet ce qui est âcre ne convient pas à un malade); voulant qu'on ne porte pas un vêtement noir (le noir est mortel), qu'on ne couche pas sur une peau de chèvre et qu'en n'en porte pas, qu'on ne mette pas un pied sur l'autre, une main sur l'autre (tout cela forme autant d'empêchements). Ces observances, ils les imposent en vue du caractère divin du mal, se donnant l'air d'en savoir plus que les autres et alléguant diverses causes, afin que, si le malade guérit, la gloire en revienne à leur habileté, et que, s'il meurt, ils aient des apologies toutes prêtes, et puissent détourner d'eux la responsabilité du malheur et la jeter sur les dieux; car ni aliments qu'ils aient donnés à manger, ni médicaments qu'ils aient fait boire, ni bains où ils aient cuit les patients, n'en peuvent être accusés. Pour moi je pense que, parmi les Libyens habitant l'intérieur des terres, nul ne se porte bien, vu qu'ils couchent sur des peaux de chèvres et se nourrissent de viande de chèvre, n'ayant ni couchette, ni couverture, ni chaussure qui