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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/88

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UN VIEUX BOUGRE

— Tu n’avais pas tant l’esprit à la blague, hier… Ah ! vous êtes bien tous pareils !

M. Gotte jeta négligemment sa cigarette qui le brûlait, et il avoua ses torts :

— Après, j’ai toujours envie de lâcher des rosseries… Faut pas m’en vouloir, Youyou, j’les pense pas, et j’t’aime bien.

Il étreignit Mlle Youyou pour lui prouver qu’elle devait le croire en cela.

— Mon corset m’pince ! s’écria-t-elle.

Quand elle se retrouva libre, auprès de M. Gotte étendu paresseusement les bras en croix, elle feignit d’arranger son corset qui ne l’avait pas incommodée. Soudain, elle avait réfléchi que ce jour nouveau allait la rendre aux difficultés de la veille et elle avait eu le dégoût de l’homme qui la leur livrait avec indifférence. Elle se mordait l’intérieur des lèvres, exaspérée d’avoir été dupe une fois de plus, maudissant sa chair prompte au plaisir, sa malchance, tout ce qu’un être faible peut accuser de permettre son malheur. Elle haïssait Michel et Mlle Rubis de s’aimer comme ils le faisaient, alors que nul ne s’attachait à elle ; et son