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I.
EXAMEN DES PREUVES DE L’EXISTENCE DE DIEU
Tirées des Merveilles de la Nature.


Soit que nous demeurions renfermés en nous-mêmes, soit que nous en sortions pour parcourir les merveilles de l’Univers, nous trouvons tant de preuves de l’existence d’un Etre tout puissant & tout sage, qu’il est en quelque sorte plus necessaire d’en diminuer le nombre que de chercher à l’augmenter : qu’il faut du moins faire un choix entre ces preuves, examiner leur force ou leur foiblesse, & ne donner à chacune que le poids qu’elle doit avoir : car on ne peut faire plus de tort à la verité, qu’en voulant l’appuïer sur de faux raisonnemens.

Je n’examine point ici l’argument qu’on trouve dans l’idée d’un Etre infini : dans cette idée trop grande pour que nous la puissions tirer de notre propre fond, ou d’aucun autre fond fini, & qui paroît prouver qu’un Etre infiniment parfait existe.

Je ne citerai point ce consentement de tous les hommes sur l’existence d’un Dieu, qui a paru une preuve si forte au Philosophe de l’ancienne Rome.[1] Je ne discute point, s’il est vrai qu’il y ait quelque peuple qui s’écarte des autres sur cela ; si une poignée d’hommes qui penseroient autrement que tous les autres habitans de la Terre, pourroient faire une exception ; ni si la diversité qui peut se trouver dans les idées qu’ont de Dieu tous ceux qui admettent son existence, empêcheroit de tirer grand avantage de ce consentement.

Enfin je n’insisterai pas sur ce qu’on peut conclure de l’intelligence que nous trouvons en nous-mêmes ; de ces etincelles de sagesse & de

  1. Cicer. Tuscul. I. 13.