Page:Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1746).djvu/307

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changer l’état de Repos ou de Mouvement, dans lequel ils sont ; on voit que lors qu’un Corps se meut vers un autre, s’il l’atteint, il faut, ou qu’il se réflechisse, ou qu’il s’arrête, ou qu’il diminue sa vîtesse : qu’il déplace celui qu’il rencontre, s’il est en repos ; ou qu’il change son mouvement, s’il se meut. Mais comment ces changements se font-ils ? Quelle est cette puissance que semblent avoir les Corps pour agir les uns sur les autres ?

Nous voions des parties de la Matière en mouvement : nous en voions d’autres en repos ; le Mouvement n’est donc pas une propriété essentielle de la Matière : c’est un état dans lequel elle peut se trouver, ou ne se pas trouver ; & que nous ne voions pas qu’elle puisse se procurer d’elle-même.

Les parties de la Matière qui se meuvent dans la Nature, ont donc reçu leur mouvement de quelque cause étrangère, qui jusqu’ici m’est inconnue. Et comme elles sont d’elles-mêmes indifférentes au Mouvement ou au Repos ; celles qui sont en repos, y restent ; & celles qui se meuvent une fois, continuent de se mouvoir, jusqu’à ce que quelque cause change leur état.

Lors qu’une partie de la Matière en mouvement, en rencontre un autre en repos, elle lui communique une partie de son mouvement, ou tout son mouvement même. Et comme la rencontre de deux parties de Matière, dont l’une est en repos & l’autre en mouvement, ou qui sont en mouvement l’une & l’autre, est toujours suivie de quelque changement dans l’état des deux ; ce Choc paroît la cause de ce changement : quoi qu’il fût absurde de dire qu’une partie de la Matière, qui ne peut se mouvoir d’elle-même, en pût mouvoir une autre.

Pour trouver la première cause du Mouvement, le plus grand Philosophe de l’Antiquité eut recours à un premier Moteur, immobile, & indivisible[1]. Un Philosophe moderne a non seulement reconnu Dieu

  1. Aristot. Physic. Lib. VIII