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Tels sont les principaux événements politiques et militaires qui signalèrent ce règne aussi malheureux pour les sujets que pour le souverain.

Si vous parcourez la galerie des portraits des comtes et ducs de Savoie, vous serez frappés de l’expression triste et mélancolique que l’artiste a donnée à Humbert III. Cette expression est néanmoins le reflet exact de l’âme de ce prince. Aux ennuis causés par la difficulté de rendre à l’empereur l’obéissance qu’il lui devait et de demeurer en même temps fidèle au pape, chef de l’Église, vinrent se joindre d’autres peines de conscience.

Un prêtre du diocèse de Belley ayant été tué par les hommes d’Humbert, celui-ci fut sommé par Anthelme de Chignin, alors évêque de ce diocèse, de faire justice du sang répandu. D’autres questions touchant les droits de son église ayant envenimé cette réclamation, Anthelme excommunia le comte[1]. Celui-ci, fort du privilège qu’il tenait du pape, de ne pouvoir être excommunié que par lui, ne fit nul cas de l’anathème épiscopat et s’en plaignit à Alexandre III.

Le pape manda Pierre de Tarentaise et un autre évêque auprès d’Anthelme, pour lui faire lever l’excommunication comme ayant été lancée légèrement. Anthelme ayant refusé, les deux envoyés n’osèrent la lever eux-mêmes, malgré leur pouvoir, et le pape termina le différend en donnant directement l’absolution au comte.

Depuis lors, leurs rapports ne furent jamais très bienveillants. La délicatesse de conscience d’Humbert III lui suggérait de ne pas se tenir pour absous complètement avant de l’avoir été par Anthelme lui-même, alors mori-

  1. En 1162, d’après Manrique.