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suite. Il tint plusieurs parlements généraux, où le prince rendait la justice en personne, entouré de ses prélats et barons et de quelques jurisconsultes.

Le 13 mai 1325, en présence du prince Aymon, de l’archevêque de Tarentaise, de l’abbé d’Hautecombe et d’un grand nombre d’autres personnages, il publie des lois générales, obligatoires dans toutes les provinces, par lesquelles furent abolies les lettres de sauvegarde, les compositions pécuniaires qui permettaient aux personnes fortunées de ne point être traduites en jugement, et d’autres abus admis par l’usage. Ce fut le second exemple de statuts généraux pour toute la monarchie[1].

L’animosité inextinguible des dauphins de Viennois contre les comtes de Savoie vint cependant troubler cette ère de réformes intérieures. Dès 1324, ces sentiments avaient fait explosion. L’année suivante, l’ardeur impétueuse d’Édouard, plus généreuse que réfléchie, amena la grande défaite de Varey (7 août 1325), l’une des plus funestes qui ait affligé la monarchie. Fait prisonnier, il ne put être délivré qu’à grand peine par quelques-uns de ses chevaliers. Une grande partie de la noblesse de ses États resta sur le champ de bataille ou tomba entre les mains de l’ennemi, et sa rançon amena l’épuisement du trésor et la levée de lourdes contributions.

Cette cruelle journée ne l’abattit point. Dans les premiers jours de l’année suivante, nous le voyons reprendre les armes et guerroyer jusqu’à ce que l’intervention du roi de France eût amené une trêve qui, plusieurs fois renouvelée, se prolongea jusqu’à sa mort.

Deux unions flatteuses pour lui, celle de sa sœur Jeanne

  1. Specc. cron., p. 94.