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Une réforme semblait nécessaire ; pour l’opérer, surgit un homme qui connaissait le mal et avait autorité pour y porter remède, le pape Benoît XII. Né au comté de Foix, d’un père boulanger, il s’était fait moine à l’abbaye cistercienne de Bolbonne ; puis il alla étudier la théologie à Paris, devint abbé de Fontfroide et successivement évêque de Pamiers et de Mirepoix, cardinal, et pape en 1334. Peu de temps après son avènement, il entreprit une réforme générale des Ordres religieux et commença par celui de Cîteaux.

Sa bulle de réformation, du 12 juillet 1335, contient 57 articles, répartis en quatre parties. Dans la première, il est question du temporel ; dans la seconde, il défend aux abbés de mener avec eux « des damoiseaux vêtus de robes mi-parties ou rayées, comme les seigneurs laïques ; interdit l’usage de la viande ; ordonne aux moines de coucher dans un dortoir commun et d’abattre toutes les cellules qu’on aurait bâties. Dans la troisième, il proscrit l’abus des portions monastiques, c’est-à-dire l’usage de donner à chaque moine une certaine quantité de pain, de blé et d’argent, en forme de pension, pour sa nourriture et son vêtement ; enfin, dans la quatrième et dernière partie, il règle les études des moines. »

La règle de saint Benoit n’avait point établi des études spéciales sous des professeurs particuliers ; elle prescrivait seulement aux religieux de s’appliquer à la lecture de quelques pieux ouvrages et à la méditation de l’Écriture-Sainte, à diverses heures du jour. Mais l’Église marchait vers un avenir sombre et orageux ; il lui fallait, dans tous les rangs de la hiérarchie, des défenseurs armés de toutes pièces, des hommes réunissant la science et la piété. D’autre part, les nombreuses terres acquises par les maisons