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plus grands fléaux qui aient affligé l’Europe. La peste, venue d’Orient, s’étendit sur tout l’Occident et y fit des ravages que l’on a peine à s’imaginer. Les comptes du conseil résident de Chambéry nous apprennent que la mortalité dura, dans cette ville, du commencement du mois d’août au mois de novembre 1348 ; ce fut alors que mourut Georges d’Aquila, le décorateur de la Chapelle des Princes[1].

L’année suivante fut marquée par un événement de haute importance pour les destinées de la monarchie de Savoie : ce fut la réunion du Dauphiné à la France. Le Dauphiné, obéré de dettes, était gouverné par Humbert II, dont l’unique fils était mort en 1343. Depuis lors, le dauphin pensa vendre ses États. Après diverses négociations avec le comte de Savoie et d’autres princes voisins, qui tous en convoitaient la possession, il les céda définitivement à Philippe VI, à condition que le Dauphiné serait l’apanage du fils aîné des rois de France. Cette cession fut bien reçue de la noblesse dauphinoise ; elle espéra voir ainsi le terme de leurs querelles séculaires avec les Savoisiens, qui n’oseraient plus se mesurer avec les sujets du roi de France. Néanmoins, l’enchevêtrement des possessions du dauphin et du comte était tel que de nouvelles incursions vinrent encore semer la dévastation et la ruine sur les terres ennemies, et procurèrent aux troupes savoisiennes la victoire des Abrets, où toute la noblesse du Dauphiné qui y prit part, fut prisonnière (avril 1334)[2]. Un traité de paix et de rectification de frontières s’ensuivit par la médiation du roi de France, Jean II, le Bon. Le

  1. Cibrario, Savoia, t. III, p. 102.
  2. Cibrario, Specc. cron.