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Nous sommes ainsi ramenés à notre monastère, et nous allons exposer ici l’historique de ses droits sur les fours et moulins de Chambéry, depuis leur origine jusqu’à la fin du siècle dont nous nous occupons.

Les droits de mouture et de fournage formaient une catégorie de ces nombreux droits féodaux désignés sous le nom générique de banalités. Cette classe de privilèges enlassait tellement le serf, qu’il ne pouvait ni chasser sur ses terres, ni moudre à son moulin, ni cuire à son four, ni fouler ses draps à son usine, ni aiguiser ses outils à sa meule, ni faire son vin à son pressoir, ni vendre ses denrées au marché public, ni tenir pigeons dans son colombier, ni avoir lapins dans son clapier, etc. Au seigneur seul étaient réservées ces prérogatives[1]. Aussi, quand Amédée IV donna à l’abbaye d’Hautecombe les fours et moulins de Chambéry, en 1253, à titre d’aumône, il accomplit une libéralité importante. Tous les habitants de cette ville, obligés d’y avoir recours et ne pouvant en créer d’autres, étaient placés sous la dépendance de l’abbaye en même temps qu’ils contribuaient à grossir ses revenus.

Ces propriétés, situées dans une localité assez éloignée, séparée du monastère par un lac et une plaine marécageuse, étaient d’une administration difficile pour la communauté d’Hautecombe. Aussi voyons-nous qu’elle s’associa les successeurs d’Amédée IV, puis les syndics de Chambéry et d’autres particuliers, pour se la rendre moins onéreuse.

Les fours cédés originairement[2] étaient au nombre de deux : celui de la porte Paneterie et celui de Bourgneuf.

  1. Championnière, Traité des Eaux courantes, n° 332.
  2. Suprà, chap. x.