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lesquels « Hait le comte Savoie, chef-né de l’ordre. Les premiers insignes furent un collier d’argent doré, entourant le cou comme d’une armure et portant trois nœuds pendants sur la poitrine, entrelacés de roses, emblème d’une pieuse dévotion à la Vierge Marie. C’était, moins la rose, l’ancienne devise du Comte-Vert dans les tournois et les batailles.

Plus tard, Amédée VII y ajouta le mot mystérieux FERT, qui paraît avoir été adopté, avec sa signification naturelle, pour indiquer que le chevalier portait le signe de la foi jurée, usage pratiqué souvent dans la chevalerie avec un but profane et qui se nommait emprise.

Dans les troubles de la régence qui suivit le règne d’Amédée VII, les statuts s’étant perdus, Amédée VIII les recomposa en 1409. En 1518, Charles III ajouta au collier l’image de l’Annonciation, d’où lui vint le nom d’Ordre de l’Annonciade conservé jusqu’à nos jours[1].

Le Comte-Vert laissa son collier aux religieux d’Hautecombe. C’est dans la sacristie de cette abbaye que Guichenon le vit encore : « Il était d’or, dit-il., large de trois doigts, avec ces lettres : FERT, et un lacs d’amour au bout de chaque FERT. » Il en vit également un autre plus petit et de forme différente, que, d’après la tradition, le comte portait à la campagne[2].

Les chevaliers devaient être des gentilshommes d’ancienne famille, irréprochables, disposés à servir leur prince jusqu’à la mort, à s’entr’aider l’un l’autre et à faire régler leurs différends par le souverain assisté des autres chevaliers, si jamais il venait à en surgir, « la paix devant

  1. Cibrario, Notice sur l’ordre de l’Annonciade. — Orig. et Progr., p. 129.
  2. Hist. de la Maison de Sav., p. 112.