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tous les princes de Savoie, celui qui a jeté le plus d’éclat. Malgré sa mort prématurée, à l’âge de quarante-neuf ans, sa renommée a franchi les limites de l’Europe, et les rivages de l’Asie mineure pourraient redire quelle fut sa bravoure. Type de la chevalerie au xive siècle, par l’exaltation du sentiment religieux, de la galanterie et du point d’honneur, il mourut à la peine, comme il avait déclaré vouloir le faire, poussé par l’ambition de la gloire. L’expédition d’Orient, qu’il exécuta seul, les nombreux combats, les importantes médiations qu’il conduisit avec succès, les institutions dont il dota la monarchie, entre autres, celle du Bureau des pauvres, l’extension qu’il donna à ses possessions, sont des titres impérissables à l’admiration de la postérité et justifient sa devise fatidique : Vires acquirit cundo.

Il avait épousé, en 1355, Bonne de Bourbon, sœur de la reine de France. Guillaume de la Baume le représenta, par procuration, à la cérémonie du mariage, qui se fit à l’hôtel de Saint-Paul, à Paris ; puis il amena Bonne de Bourbon à Pont-de-Vesle, où Amédée VI vint la recevoir et la conduisit au Bourget. Elle avait mis douze jours pour y arriver de Paris.

Cette princesse fut une insigne bienfaitrice d’Hautecombe. Elle y fonda une chapelle dédiée à saint Benoît et à Saint Bernard, qui devait faire le pendant de la chapelle des princes et probablement rétablir, dans les murs extérieurs, du côté du lac, la régularité que la construction d’Aymon avait détruite. Sa place était celle des deux chapelles modernes de Saint-Michel et de Liguori[1]. Les

  1. C’est derrière l’autel de Saint-Liguori que se trouve le plus beau morceau de sculpture de l’église moderne, la Pietà de Cacciatori.