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course aventureuse sur Naples. La grande habileté qu’il montra dans les missions délicates qui lui furent confiées pendant cette campagne, lui valut la cession de plusieurs comtés en Italie, dont il prit possession en 1493.

Ce fut l’année suivante que la mort de Charles II l’appela au trône de Savoie. Sa cour était alors une des plus brillantes de l’Europe : le pape, les rois de France, d’Aragon, les princes d’Allemagne, le duc de Milan, les Vénitiens, les Florentins et les autres États d’Italie y avaient des ambassadeurs[1].

Pendant son règne de dix-huit mois (16 avril 1496 — 7 novembre 1497), il se fit admirer par une modération et une générosité envers ses ennemis qui contrastaient avec ses allures précédentes. Par sa valeur et ses hautes qualités, il voulut que la fin de sa vie en fît oublier le commencement.

Se sentant gravement malade à Turin, il désira respirer l’air natal, dans l’espoir d’y trouver un soulagement à ses souffrances. Porté en litière jusqu’à Chambéry, il descendit au monastère de Lémenc, probablement pour y jouir d’une atmosphère plus pure que dans sa résidence de la ville, mais il n’y arriva que pour y rendre le dernier soupir, le mardi 7 novembre. Son cœur resta dans le monastère et son corps fut transporté à Hautecombe après avoir été exposé du 9 au li. Plus de deux cent cinquante messes furent dites pour le repos de son âme pendant chacun de ces cinq jours. Le 15, son corps arriva au Bourget, où se célébrèrent trois cent soixante-deux messes, puis il fut monté sur une embarcation et conduit à sa dernière demeure[2].

  1. Guichenon, Savoie, p.598.
  2. Le corps avait « été embaumé au moyen d’éponges imprégnées