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prés du lieu ou s’élevait le monastère, rencontre à une demi-heure plus loin le village des Granges ; et l’eau du puits dont parle Delbene coule maintenant à travers ce chemin sous les pieds du voyageur.

Sans nous appuyer sur d’autres témoignages, nous pouvons donc tenir pour exacte l’indication de la demeure des premiers moines d’Hautecombe. Là, sur l’étroit plateau de Paquinôt, fut bâti leur humble monastère ; et nous avons cru devoir insister sur ce fait, car bientôt la génération qui en a vu les dernières pierres aura disparu comme elles et comme les pieux ouvriers qui les avaient assemblées.

Une autre question moins facile a déterminer est celle de l’origine de ce premier établissement. Les moines qui le créèrent avaient-ils spontanément quitté le monde pour former dans la vallée de Cessens un nouvel asile de prières et de mortifications, ou bien, au contraire, s’étaient-ils détachés d’une communauté plus ancienne, et quelle était cette communauté ?

Malgré les doutes qu’elle laisse subsister[1], l’opinion la plus accréditée est celle qui voit dans les premiers moines de Cessens des émigrants de l’abbaye d’Aulps en Chablais.

Fondée, vers 1094, par deux religieux, sortis eux- mêmes du monastère de Molesme, Guy et Guérin, à qui Humbert, comte de Savoie, donna la vallée qu’ils avaient d’abord occupée sur les bords de la Dranse, cette abbaye prit bientôt une certaine importance. L’an 1104, quelques moines s’en seraient séparés pour chercher une autre retraite et seraient parvenus de vallée en vallée jusqu’au pied de la montagne du Sapenay. Sur le versant oriental

  1. Voir, à la fin de cette Histoire, aux Notes additionnelles, le n° 1.