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voisines, Moûtiers, l’Hôpital-sous-Conflans, Aiguebelle, Saint-Jean de Haurienne, s’approvisionnaient habituellement à cette faïencerie, et l’on expédiait à Vienne, à Saint-Étienne et à Turin[1].

Néanmoins, cette industrie fut de courte durée et cessa vers 1804. Son abandon ne servit qu’à accélérer la destruction de l’édifice qui l’abritait ; les vastes toitures

  1. La raison commerciale était : Dimier, Henry et Landoz.
    Quant au mérite artistique des faïences d’Hautecombe, elles étaient considérées par les contemporains comme imitant heureusement le genre anglais. On peut en juger d’après les échantillons déposés au musée de Chambéry par l’auteur de ce travail et par M. le docteur Guilland, arrière-neveu de M. Landoz.
    Presque toutes les formes usuelles que la faïence peut revêtir, ont été exécutées à Hautecombe, depuis les poêles et les vases décoratifs pour terrasses et jardins, jusqu’aux encriers et aux pots à fleurs destinés à plaquer contre les murs et sur les corniches des boiseries. La poterie de table et les plus humbles ustensiles ne manquent pas de caractère et offrent constamment une remarquable appropriation à leur but.
    L’émail est brillant et généralement stannifère, soit blanc opaque, « plein de corps et sur terre brune. » Toutefois, on y faisait aussi la Mence jaune commune, que l’on obtient, comme l’on sait, en recouvrant la terre brune d’oxyde de plomb, sans addition de colorant. On employait le plomb et l’étain anglais, et leurs saumons venaient de Lausanne, de Marseille et de Nancy. La teinte du vernis varie du blanc pur au blanc rosé et au blanc bleuâtre. L’ornement est sobre, à une, deux ou plusieurs teintes douces : ce sont des points, des filets, des semis de petites fleurs, rarement des fruits, pas d’animaux, ni de paysages, ni de personnages. Les ouvriers peintres venaient d’Italie.
    Quant aux formes, elles appartenaient presque toujours au style Louis XV, sauf quelques bocaux étrusques et quelques rares fantaisies.
    Les faïences d’Hautecombe sont moins pesantes, moins épaisses que ne l’étaient celles de Saint-Jean de Maurienne et d’Italie ; leur légèreté rappelait celles d’Angleterre et de Moustiers-Sainte-Marie (Basses-Alpes). Certains genres de tasses ressemblaient, par leur peinture et leur légèreté, à celles que l’on façonne avec du figuier.
    La marque de fabrique n’était point usitée. (Notes communiquées à l’ Académie de Savoie par M. le Dr  Guilland, médecin à Aix-les-Bains.)