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de l’empereur d’Allemagne, il s’efforça de faire profiter son diocèse de leur haut patronage. Il demanda d’abord à Conrad la confirmation du temporel de l’évêché de Lausanne, dépendant directement de l’empereur. Celui-ci, par diplôme donné à Worms en 1140, prit sous sa protection l’église de Lausanne et toutes ses possessions ; et l’année suivante, Eugène III lui octroya une semblable faveur, ratifia les donations d’Henri IV et révoqua les aliénations du domaine épiscopal, opérées par Lambert, l’un des prédécesseurs d’Amédée.

La possession de son évêché étant ainsi garantie et régularisée, Amédée voulut ensuite régler ses rapports avec ses sujets et son clergé.

Un évêque n’était point, à cette époque, un simple représentant de l’autorité ecclésiastique, il était également, et quelquefois même avant tout, un seigneur temporel, possédant tous les droits de la souveraineté. Celui de Lausanne relevait bien de l’empereur, mais son autorité était peu restreinte par cette haute suzeraineté. Il devait compter davantage avec ses sujets : leurs droits réciproques étaient réglés par des coutumes, qui avaient obtenu force de loi par la sanction pratique des évêques, mais qui n’avaient point été rédigées. L’esprit d’organisation d’Amédée le poussa à faire reconnaître officiellement ces usages par les intéressés : et, pour les conserver d’une manière définitive et sûre, il en ordonna la rédaction. Ce premier monument écrit des coutumes du diocèse devint la base du gouvernement temporel de Lausanne. Complété dans le xive siècle par de nouveaux articles, il forma une véritable constitution, connue sous le nom de Plaict général de 1368[1].

  1. Grémaud, op. cit.,16.