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CHAPITRE III


Avènement d’Humbert III. — Coup-d’œil sur les futurs pays de Savoie : leurs principaux monastères au milieu du xiie siècle. — Agrandissement de l’abbaye d’Hautecombe.

Les croisés étaient partis depuis près de deux ans, lorsque la nouvelle de la mort d’Amédée III parvint en Occident. Humbert, sentant ses mains encore trop faibles pour porter seul le sceptre, prit conseil des membres de sa famille, de ses barons, et, sur leur avis, manda auprès de lui l’évêque de Lausanne. Présumant le motif de cet appel, il refusa de venir. Mais, vivement sollicité et pénétré de la vérité des observations qui lui furent faites sur les dangers que courait le jeune prince de tomber entre les mains « d’un tuteur infidèle, d’un homme avare et méchant, recherchant avant tout ses avantages, pour ne laisser ensuite à son pupille qu’un héritage ruiné[1], » craintes malheureusement trop justifiées à cette époque par de fréquents exemples, l’évêque se résigna a recevoir les fonctions de tuteur ou de conseiller, en souvenir de l’amitié et de la dernière recommandation d’Amédée III, autant que par affection pour le jeune prince. Il fut donc confirmé dans la régence par les barons de Savoie. Mais cette charge

  1. Cibrario, Documenti, sigilli e moneti della monarchia di Savoia, p. 68.