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surtout à reproduire les traditions populaires, ont signalé Humbert III comme fondateur d’Hautecombe. En jetant les yeux sur la charte de fondation, « on est tenté de s’écrier que la tradition se trompe, que les chroniques sont menteuses ; mais il n’en est rien : aux regards du peuple, celui qui fonde, qui institue, n’est pas celui qui accorde une charte obscure, une charte dont le texte, écrit en langue vulgaire, ne peut passer de bouche en bouche, ni se propager au loin ; le fondateur, l’instituteur, c’est celui qui bâtit, c’est celui qui élève des masses de pierres et qui parle ainsi le langage toujours éloquent des sens[1]. »

Des constructions de cette époque, une seule paraît avoir résisté aux injures du temps : c’est la chapelle de Saint-André, qui s’élève au nord-est de l’église abbatiale, sur un roc plongeant dans les eaux profondes du lac.

Son architecture romane, la vétusté de son portail, que l’on aperçoit au milieu des ornementations modernes, la reporteraient à cette époque, quand même la tradition ne le ferait point.

La seule donation d’Humbert III en faveur d’Hautecombe, dont nous ayons la preuve complète, viendrait corroborer cette opinion. Ce prince, par un acte dont la notice a été conservée, donne à Dieu et à sainte Marie d’Hautecombe, pour le salut de son âme et de celle de ses ancêtres, vingt livres de poivre à prendre chaque année sur le péage de Suse le jour de la Fête de saint André[2].

  1. Ménabréa, L’Abbaye d’Aulps. (Mémoires de l’Académie de Savoie, XI, 228.)
  2. Guichenon, Savoie, Preuves, p. 41.
    Cette pièce, extraite par Guichenon du Cartulaire de l’abbaye, ne doit point être l’original de la donation, si toutefois cet original a réellement été rédigé, mais un inventoriai de cette donation dont la date n’est point indiquée.