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deux en Savoie : Hautecombe et Aulps[1] ; l’Espagne, onze ; ’Italie, onze ; les Iles-Britanniques, dix ; la Belgique, six ; la Suisse, deux : Bonmont et Hautcrêt ; l’Allemagne, la Hongrie, le Danemark et la Suède en comptaient aussi quelques-uns. Outre ces maisons, un nombre à peu près égal avait été agrégé à l’abbaye-mère de Clairvaux par les disciples de saint Bernard. Aussi l’annaliste de Cîteaux les appelle les petites-filles ou arrière-petites-filles de cet illustre personnage.

Clairvaux n’était cependant qu’une branche de la grande famille cistercienne dont saint Bernard était la plus grande gloire, il est vrai, mais néanmoins un simple abbé, soumis à celui de Cîteaux, supérieur général de l’Ordre. Aussi, l’Ordre tout entier comprenait-il environ cinq cents monastères disséminés dans toute l’Europe et plus tard il en compta jusqu’à quinze cents. Une multitude de couvents de femmes adoptèrent de bonne heure la règle Nouvelle. L’auteur des Lys de Cîteaux estime que, dans la suite leur nombre atteignit six mille[2].

On le voit, l’influence de ce grand moine était immense. Chaque nation désirait avoir des religieux formés par ses soins ou au moins suivant la même règle. L’heureux résultat produit sur les mœurs publiques, dans ce siècle où la bonne foi, le culte du droit et toutes les vertus sociales n’étaient point à l’ordre du jour, n’a peut-être pas été assez apprécié. Les lettres de saint Bernard, dont plus de 450 ont été publiées, adressées au pape, à l’empereur,

  1. Peut-être devrait-on y ajouter Tamié, bien que cette abbaye fût une filiation de Bonnevaux, en Dauphiné. Dans tous les cas, ce monastère dépendit plus tard de Clairvaux.
  2. Les Moines et leur influence sociale, par M. l’abbé Martin ; Paris, 1865.