Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/115

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Certes la Société patriotique de Loches séante au Château ne tardera pas, en suivant les formes, de faire réduire en cendre ce monument qui inspire l’horreur et l’effroi.

» Je fais en conséquence la motion que tous les membres de cette Société patriotique prient la Municipalité de cette ville d’écrire au Comité d’aliénation des biens nationaux, à l’effet d’obtenir une autorisation pour abattre et mettre en pièces la prison connue sous le nom de Cage de Fer, renfermée dans une triple prison de l’une des tours de ce château, pour en vendre le fer au profit des veuves et des orphelins des vainqueurs de la Bastille, et pour brûler, dans le feu-de-joie du 14 juillet 1791, le bois qui entre dans sa construction. Je demanderai pour lors que les cendres en soient jetées au vent, afin qu’il ne se conserve plus, s’il est possible, de cette Cage de Fer, ni reste ni mémoire. »

Après ce splendide morceau d’éloquence M. l’abbé Potier proposa un amendement qui fut adopté à l’unanimité, et rédigea séance tenante, dans le même langage barbare et emphatique, la pétition suivante adressée à MM. de la municipalité :


« Messieurs,


» L’Assemblée Nationale, en rendant au Peuple françois sa liberté usurpée depuis tant de siècles, a pensé qu’il ne falloit pas même que des souvenirs fâcheux pussent troubler la jouissance d’un bien si précieux. Elle a, en conséquence, applaudi avec les bons Citoyens au renversement des murs de la Bastille ; elle a ordonné que les statues qui déshonoroient la place des Victoires, fussent enlevées.

» Des monumens non moins affligeans sont encore et la honte de nos pères et la terreur du siècle actuel. Il peut renaître des tyrans : ne laissons donc subsister aucun des