Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/168

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Fut le froment vingt et deux livres ;
Avecques vingt-quatre blancs ;
Le seigle valut treize francs ;
Douze livres se vendit l’orge ;
Et, comme est escript dans les livres,
L’avoine dix livres vallut ;
Dont je vous jure, par saint George,
Qu’onques si mauvois temps ne fut.
Le meschant vin estoit bien cher,
Assez à bon compte la chair.

Les pauvres devinrent si nombreux qu’il fallut organiser des secours, la charité privée ne suffisait plus. Chacun dut prendre à sa charge, selon ses facultés, deux, trois, ou quatre pauvres ; on dressa la liste des nécessiteux ; ils étaient trois cents, non compris les pauvres honteux et les passants. On fit une visite générale de tous les greniers, y compris ceux du château, pour savoir quelle quantité de blé il y avait dans la ville. On prit enfin toutes les mesures nécessaires pour faire face à tous les dangers à la fois.

Vers le mois d’août le roi vint à Loches, accompagné du marquis de Villars. Nous ignorons si les échevins obtinrent à cette occasion quelque mesure propre à les aider. La guerre paraissait calmée, les calvinistes ayant obtenu par la paix d’Amboise la liberté de leur culte, plusieurs villes, et des garanties qui paraissaient sérieuses.

Mais cet état de paix relatif ne fut que momentané. Les protestants se voyaient retirer peu à peu, sous l’influence des Guise, les libertés qui leur avaient été accordées. En 1567, ils se soulevèrent de nouveau ; le château fut encore mis en état de défense, et l’on y porta les munitions de la ville, poudres, boulets, pelles et autres instruments ; on acheta un saloir et six fauconneaux. Le sieur de Méré fut appelé à l’armée, et laissa le commandement au sieur de Prie.