Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/208

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lettre datée d’un cabaret de Loches, — pour moy les ecrouelles me sont venües, et j’ay grand besoin de voir le Roy, car le roy de Navarre n’en guérit point, non plus que ses compétiteurs, qui ont tout aussi bonne envie d’en guérir que luy. » — On sait que depuis saint Louis les rois de France avaient le singulier privilège de guérir les écrouelles en les touchant.

Lorsque Henri IV monta sur le trône, la faveur de Chicot ne fit que s’accroître. « Monsieur mon ami, — disait-il un jour au roi, en présence du duc de Parme, ambassadeur d’Espagne, — je vois bien que tout ce que tu fais ne te servira de rien à la fin, si tu ne te fais catholique. Il faut que tu voises a Romme, et qu’estant là, tu bourgeronnes le pape, car autrement ils ne croiront jamais que tu sois catholique… » La fin de cette boutade ne saurait être racontée.

« Je ne m’esbahis pas, — disait-il une autre fois, — s’il y a tant de gens qui abbayent a estre Roys, et si il y a de la presse à l’estre ; c’est chose desirable ; c’est un beau mot que Roy de France, et le mestier en est honneste : car en travaillant une heure par jour à quelque petit exercice, il y a moïen de vivre le reste de la semaine, et se passer de ses voisins. Mais pour Dieu, monsieur mon ami, gardez-vous de tumber entre les mains des Ligueus, car ils vous pendroient comme un andouille… Cela est dangereux pour le passage des vivres. »

En 1580, on faisait courir dans Paris les vers suvants :

Tout à toutes sausses.

Le pauvre peuple endure tout ;
Les gens d’armes ravagent tout ;
La sainte Eglise paie tout ;
Les favoris demandent tout ;