Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/76

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seconde ligne de pieux, derrière laquelle on creusa un fossé, d’abord peu profond, pour séparer le donjon du plateau de Bel-Ébat. Le reste était suffisamment défendu par l’escarpement du rocher, tant du côté de l’Indre que du côté de la vallée de Mazerolle. Le donjon venait ainsi fortifier le point le plus faible, et dominait les deux vallées le long desquelles passaient les principales routes du Berry et du Poitou. Peut-être même ce dernier chemin passait-il au sommet du plateau, et venait-il aboutir directement en face du donjon, pour contourner ensuite le fossé en longeant la ville.

Dans ces conditions, le donjon de Loches n’était pas encore une place très formidable ; ce n’était qu’un poste retranché. De nouvelles ruines furent sans doute la conséquence de la lutte avec les Normands ; et probablement il fut rebâti sur un plan plus sérieux, dont nous croyons retrouver une partie importante dans le soubassement actuel et dans le rez-de-chaussée qui le surmonte, où la tradition et des traces incontestables de l’opus spicatum se montrent dans le blocage des murs dépouillés de leur revêtement, comme au château d’Arques.

Les comtes d’Anjou comprirent vite tout le parti que l’on pouvait tirer de cette place, et l’importance qu’elle était appelée à prendre ; pendant trois générations, ils s’appliquèrent à la fortifier, à l’accroître, jusqu’au moment où Foulque Nerra en fit le centre de ses opérations militaires en Touraine.

Nous attribuerons donc au XIe siècle, sous Foulque Nerra, ou au plus tard sous Geoffroy Martel, l’exhaussement probable du donjon, avec ses contreforts cylindriques[1]

  1. Il faut remarquer que quelques-uns des contreforts cylindriques, notamment celui de l’angle N.-O., ne sont, à leur base, que plaqués à la construction, ce qui paraît indiquer qu’ils ont été ajoutés ; mais peut-être sont-ils liés aux maçonneries supérieures.