Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/100

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Locke. Un philoſophe, ami des hommes, ami de la modération & de la juſtice, qui ont ſeules le droit de les gouverner, devoit fapper juſqu’aux fondemens le fanatiſme qui les a divisés dans toutes les régions, & qui les armera les uns contre les autres juſqu’à la fin des ſiècles.

L’intolérance, toute affreuſe qu’elle nous paroit, eſt une conséquence néceſſaire de l’eſprit ſuperſtitieux. Ne convient-on pas que les châtimens doivent être proportionnés aux délits ? Or quel crime plus grand que l’incrédulité aux yeux de celui qui regarde la religion comme la baſe fondamentale de la morale ? D’après ces principes, l’irréligieux eſt l’ennemi commun de toute ſociété ; l’infracteur du ſeul lien qui unit les hommes entre eux ; le promoteur de tous les crimes qui peuvent échapper à la sévérité des loix. C’eſt lui qui étouffe les remords. C’eſt lui qui rompt le frein des paſſions. C’eſt lui qui tient école de ſcélérateſſe. Quoi ! nous conduiſons au gibet un malheureux que l’indigence embuſque ſur un grand chemin, qui s’élance ſur le paſſant un piſtolet à la main, & qui demande