Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/132

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les enrichiroit bien plus que les taxes les plus multipliées ſur une terre inculte & déſerte.

À ce genre d’oppreſſion, ſe joignit un arrangement qui devint une nouvelle cauſe d’inaction. Les déſordres qu’entraînoit dans tout le continent de l’Amérique Septentrionale l’uſage des liqueurs ſpiritueuſes, fit défendre l’importation des eaux-de-vie de ſucre dans la Géorgie. Cette interdiction, quelqu’honnête qu’en fut le motif, ôtoit aux colons la ſeule boiſſon qui pouvoit corriger le vice des eaux du pays, qu’ils trouvoient par-tout mal-ſaines, & l’unique moyen de réparer la déperdition qu’ils faiſoient par des ſueurs continuelles : elle leur fermoit encore la navigation aux Indes Occidentales, où ils ne pouvoient aller échanger contre ces liqueurs, les bois, les grains, les beſtiaux, qui devoient être leurs premières richeſſes.

Toutes foibles qu’étoient ces reſſources, elles devoient s’accroître très-lentement, à cauſe d’une défenſe digne d’éloge, ſi le ſentiment de l’humanité & non la politique l’avoit dictée. L’uſage des eſclaves fut