Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/135

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ſpectacle preſque général du monde le confirme. À la mort d’un tyran, toutes les nations ſe promettent un roi. Les tyrans continuent d’opprimer & de mourir paiſiblement, & les peuples de gémir, d’attendre en patience un roi qui ne vient point. Le ſucceſſeur, élevé comme ſon père ou ſon aïeul, eſt préparé, dès ſon enfance, à ſe modeler ſur lui, à moins qu’il n’ait reçu de la nature une force de génie, un courage d’âme, une rectitude de jugement, un fonds de bienfaiſance & d’équité, qui étouffent le vice de ſon éducation. Sans cet heureux caractère, il ne demandera dans aucune circonſtance ce qu’il eſt juſte de faire, mais ce qu’on faiſoit avant lui ; non ce qui conviendroit au bien de ſes ſujets qu’il regardera comme ſes plus proches ennemis, ſur l’appareil de cent gardes qui l’entourent, mais ce qui peut accroître ſon deſpotiſme & leur ſervitude. Il ignorera toute ſa vie la plus ſimple & la plus évidente des vérités ; c’eſt que leur force & la ſienne ne peuvent ſe séparer. L’exemple du paſſé ſera ſon unique règle, & dans les occaſions où il eſt ſage de le ſuivre, & dans