Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/143

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chargés de couvrir la retraite, furent battus & maſſacrés. Un de leurs ſergens fut ſeul épargné par les ſauvages Indiens, qui, combattant avec les Eſpagnols, le réſervèrent pour les ſupplices qu’ils deſtinent à leurs priſonniers. Cet homme, à la vue de la torture cruelle qu’on lui préparait, harangua, dit-on, la troupe ſanguinaire en ces termes :

« Héros & patriarches du monde occidental, vous n’étiez pas les ennemis que je cherchois ; mais enfin vous avez vaincu. Le ſort de la guerre m’a mis dans vos mains. Uſez à votre gré du droit de la victoire. Je ne vous le diſpute pas. Mais, puiſque c’eſt un uſage de mon pays d’offrir une rançon pour ſa vie, écoutez une propoſition qui n’eſt pas à rejeter.

« Sachez donc, braves Américains, que dans le pays où je ſuis né, certains hommes ont des connoiſſances ſurnaturelles. Un de ces ſages, qui m’étoit allié par le ſang, me donna, quand je me fis ſoldat, un charme qui devoit me rendre invulnérable. Vous avez vu comme j’ai échappé à tous vos traits ; ſans cet enchantement,