Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/192

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ce qu’il peut pour affoiblir la tâche de la vente & de l’achat. À l’expiration de ſa ſervitude, l’engagé jouit de tous les droits du citoyen libre. Avec ſon affranchiſſement, il reçoit du maître qu’il a ſervi, ou des inſtrumens de labourage, ou les outils néceſſaires à ſon induſtrie.

Cependant de quelque apparence de juſtice que l’on colore cette eſpèce de trafic, la plupart des étrangers qui paſſent en Amérique à ce prix, ne s’embarqueroient pas, s’ils n’étoient trompés. Des brigands ſortis des marais de la Hollande ſe répandent dans le Palatinat, dans la Suabe, dans les cantons d’Allemagne les plus peuplés, ou les moins heureux. Ils y vantent avec enthouſiaſme les délices du Nouveau-Monde, & les fortunes qu’il eſt aisé d’y faire. Des hommes ſimples, séduits par des promettes ſi magnifiques, ſuivent aveuglément ces vils courtiers d’un indigne commerce qui les livrent à des négocians d’Amſterdam ou de Rotterdam. Ceux-ci ſoudoyés eux-mêmes par des compagnies chargées de peupler les colonies, paient une gratification à ces embaucheurs. Des familles entières ſont vendues,