Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/195

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à ce filet artificieuſement imaginé. Les guerres ne tendoient pas à rendre les états plus grands, mais les ſujets plus ſoumis, en ſubſtituant pas à pas le gouvernement militaire â l’influence douce & lente des loix & des mœurs. Tous les potentats ſe fortifioient également dans leur tyrannie, par leurs conquêtes ou par leurs pertes. Victorieux, ils régnoient avec des armées : humiliés & défaits, ils commandoient par la misère à des ſujets puſillanimes. Ennemis ou jaloux entre eux par ambition, ils ne ſe liguoient ou ne s’allioient que pour appeſantir la ſervitude. Soit qu’ils vouluſſent ſouffler la guerre ou conſerver la paix, ils étoient aſſurés de tourner au profit de leur autorité, l’agrandiſſement ou l’affoibliſſement de leurs peuples. S’ils cédoient une province, ils épuiſoient toutes les autres pour la recouvrer ou pour ſe dédommager de ſa perte. S’ils en acquéroient une nouvelle, la fierté qu’ils affectoient au-dehors étoit au-dedans dureté, vexation. Ils empruntoient les uns des autres réciproquement tous les arts, toutes les inventions, ſoit de la guerre, ſoit de la paix, qui pouvoient concourir, tantôt à fomenter