Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
des deux Indes
249

où leur nombre diminue de ſiècle en ſiècle. Ce qu’un homme ſeul n’auroit pu, les hommes l’ont exécuté de concert, & tous enſemble ils conſervent leur ouvrage. Telle eſt l’origine, tels ſont l’avantage & le but de la ſociété.

Le gouvernement doit ſa naiſſance à la néceſſité de prévenir & de réprimer les injures que les aſſociés avoient à craindre les uns de la part des autres. C’eſt la ſentinelle qui veille pour empêcher que les travaux communs ne ſoient troublés.

Ainſi la ſociété eſt née des beſoins des hommes, le gouvernement eſt né de leurs vices. La ſociété tend toujours au bien ; le gouvernement doit toujours tendre à réprimer le mal. La ſociété eſt la première, elle eſt dans ſon origine indépendante & libre ; le gouvernement a été inſtitué pour elle & n’eſt que ſon inſtrument. C’eſt à l’une à commander : c’eſt à l’autre à la ſervir. La ſociété a créé la force publique ; le gouvernement qui l’a reçue d’elle, doit la conſacrer toute entière à ſon uſage. Enfin, la ſociété eſt eſſentiellement bonne ; le gouvernement, comme on le ſait, peut être & n’eſt que trop ſouvent mauvais.